Les primeurs du Bordelais – Episode 4

Les primeurs du Bordelais

Cuverie du château Soutard - Source : pixarchitecture.com

Les échanges avec les exposants des châteaux de l’Union des Grands Crus sont assez limités pendant la semaine des primeurs. La plupart du temps, c’est : «bonjour» (si la personne vous regarde), vous tendez votre verre, vous recrachez, puis éventuellement on se dit «au revoir» si l’exposant n’est pas déjà occupé à servir le dégustateur suivant. Un véritable travail à la chaîne ! J’ai essayé d’engager la conversation avec quelques-uns avec plus ou moins de réussite. Je suis tombé par exemple sur un domaine représenté par un gestionnaire de stock qui n’y connaissait rien en vin, la conversation a donc vite tourné court, il m’a proposé de passer au château si je voulais apprendre des choses sur le domaine ! Cet esprit diffère de beaucoup de celui qui règne pendant les Grands Jours de Bourgogne, autre grand-messe du vin pour les professionnels, qui a lieu tous les deux ans. Là-bas, c’est le vigneron qui est en face de vous et avec un peu de chance, il vous parle longuement de ses terroirs, de ses vignes et de sa cave.

Au château Soutard, les Saint-Émilion Grand Cru étaient à l’honneur. Pour une fois, les exposants étaient quelque peu disert, au moins pour vous expliquer les proportions d’assemblage et le nom de leur oenologue-consultant. J’étais même surpris de trouver un stand où trois châteaux étaient regroupés non par des liens de terroir, non par des liens capitalistiques mais parce qu’ils travaillaient tous les trois avec le même duo d’oenologues-consultants : Stéphane Derenoncourt et Nicolas Thienpont. C’est étonnant de voir comment la machinerie bordelaise a besoin d’oenologues renommés qui apportent une caution à leurs vins. Parmi eux, Michel Rolland est l’oenologue star, sa société basée à Pomerol conseille quelque 250 propriétés à travers le monde !

En l’occurrence, les 3 vins du stand conseillés par la paire Derenoncourt-Thienpont m’ont beaucoup plu : le château Berliquet, tout en gourmandise et en fraicheur, le château Larcis Ducasse, plus intense, plus mûr et le château Pavie Macquin extraordinaire par son fruit, sa fraîcheur, sa finesse, son intensité et sa vigoureuse structure tannique se déployant lentement en bouche. Autre coup de coeur, le château Figeac possédant beaucoup de finesse et de fraîcheur, ainsi que des tanins serrés bien intégrés.

Face à ce premier style de vin basé sur la fraîcheur, un deuxième style s’affiche avec des robes bien sombres, une aromatique basée sur des fruits compotés, beaucoup de gras et de puissance en bouche. Des vins qui en mettent plein la vue et … plein la bouche ! J’ai recensé dans cette catégorie le château Beau-Séjour Bécot, le château Dassault, le château Grand Mayne, le château la Couspaude, la château la Dominique et le château Troplong Mondot. Qu’est-ce qui pouvait unifier tous ses vins ? Un oenologue- consultant ? J’ai parcouru de la littérature sur Michel Rolland et tiens, sur wikipédia, dans la liste des clients de la société de conseil de Michel Rolland, j’ai vu tous ces château sauf un, le château Dassault. Je suis alors allé voir par qui était conseillé ce dernier. Et, dans un article du Figaro, j’ai lu que le château Dassault était conseillé depuis 1973 par … Michel Rolland. C’est étonnant de voir comment un homme peut imprimer sa marque sur autant de vins.

Au final, parmi les primeurs à Saint-Émilion, quelques vins sortent du lot, mais aussi beaucoup de vins présentaient un fruité imprécis et des tanins bien secs…

Dernier épisode des primeurs : le Médoc.

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