Les primeurs du Bordelais – Episode 2

Les primeurs du Bordelais

Château d'Arsac - Source : winery.fr


Des Bordeaux Sup aux crus bourgeois

Ma tournée des primeurs à Bordeaux se continue par les Bordeaux et Bordeaux Supérieurs. Les  primeurs n’étaient pas traditionnellement réservés à ces appellations «génériques», mais, succès oblige, tout le monde s’y est mis. La surface de ces deux appellations constitue plus de la moitié des superficies du vignoble bordelais (soit 64 000 ha), il aurait été donc dommage de passer à côté !

Une centaine d’échantillons sont réunis, me voici armé d’un verre, d’un nez et d’une bouche et c’est parti. Je me ménage cependant, goûter 100 vins est une gageure, j’adopte donc la stratégie de ne pas mettre en bouche tous les vins aux arômes végétaux (pour ne pas saturer trop vite les papilles), ce qui m’a permis d’en enlever une bonne moitié ! À vrai dire, l’autre moitié n’était guère satisfaisante non plus : la «maladie» du bois neuf sévit même sur ces appellations à terroirs hétérogènes, ce qui déséquilibre le vin, aromatiquement et aussi gustativement : la finesse des tanins n’est pas le propre du millésime, l’usage immodéré du bois assèche encore un peu plus les tanins. Enfin, certains vins sont surextraits (forte macération du jus avec les parties solides, pépins et peaux), ce qui donne peu de fruit et de fraîcheur. Au final, maigre moisson : aucun vin sélectionné pour ma future cave, même si le château Camplay et le château Courrèges s’en sortent avec les honneurs. La cuvée Balthus du château de Reignac, encensée par Robert Parker (92-94 en 2005 !) et réputé pour être le Bordeaux Supérieur le plus cher (environ 60€ !), ceci expliquant sans doute cela, ne me fait ni chaud, ni froid. De la puissance alcoolique, du boisé et une forte structure tannique ne suffisent pas à faire un grand vin…

Cap ensuite sur les crus bourgeois du Médoc, présentés au Château d’Arsac. J’ai été d’abord frappé de ne pas voir quelques grands noms : Chasse-Spleen, Haut-Marbuzet, Phélan Ségur, Poujeaux par exemple. Renseignements pris, ces châteaux ne se sont pas présentés aux nouvelles sélections annuelles des crus bourgeois. Pour mémoire, ces châteaux avec quelques autres avaient été retenus crus bourgeois exceptionnels en 2003, suite à un premier classement officiel des crus bourgeois entériné par arrêt ministériel. Ce classement n’avait pas plus à tout le monde parce que sur les 444 crus bourgeois consacrés en 1932, seuls 247 avaient été retenus et hiérarchisés. Les perdants ont porté l’affaire devant la justice et en 2006, le classement a été annulé.
Désormais, une sélection annuelle donne le label «cru bourgeois» à l’issue d’une procédure sous contrôle du bureau Veritas… Les meilleurs n’ont pas jugés opportuns de se fondre dans cette nouvelle masse.

Plus de 250 châteaux ont présenté un échantillon à Arsac. J’ai du boulot ! Les échantillons sont en self-service, aucun représentant de château n’est là pour vous accompagner dans la dégustation. Au moins, cela évite d’avoir à dire des vérités désagréables lorsque vous n’avez pas trouvé le vin bon… Et ça tombe bien, parce que le niveau des crus bourgeois est bien faible sur le millésime 2011. Les notes végétales sont omniprésentes, même lorsque les arômes de bois neuf veulent les cacher. Je retiens un domaine : le château Rollan de By (AOC Médoc) aux arômes de fruits noirs, avec en bouche une trame fine et digeste.

Prochains épisodes : les crus classés ! S’en sortiront-ils mieux en 2011 que les crus bourgeois ?

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